Les illusions perdues

2004

Installation, 1500 candles. (This piece does not longer exist.)

This work is about emptying and assembling red votive candles that I collected in a church, weeks after weeks. I kept the wax for another project that I made a few years later. These red candles represent prayer, desire, wish and hope, but when they are consumed, only remain their material reality, the reality is an empty candle. I chose to present them in the reference to the serpent of Genesis, to emphasize the duality of life and death, this installation speaks about the difficult coexistence between spirituality and materiality, repeating the same, in a long and infinite shape.

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Cette installation est composée de bougies votives rouges vidées de leur cire que j’ai collecté semaines après semaines dans une église. J’ai conservé la cire pour un autre projet que j’ai réalisé quelques années plus tard, “Des restes et des mots”. Ces bougies rouges évoquent à la fois la prière, le désir, le vœu et l’espoir, mais quand elle sont consumées, tout ce qui en reste est leur réalité matérielle : une bougie vide. J’ai choisi de présenter ces bougies empilées et couchées sur le sol, en référence au serpent de la Genèse, pour souligner la dualité entre la vie et la mort. Cette installation parle de cette difficile coexistence entre la spiritualité et la matérialité, dans la répétition du même, via une forme longe et convoquant l’infini.

 

Les attachés

2004

30 x 40 cm. Series of 3 pictures. Pen on analog photography.

Les attachés is a triptych mixing photography and drawing, combining two kinds of graphism, one by the pen and one by the light. People are visually linked by black lines, like if they were attached, the lines represent possible connection. Fundamentally, we all depend on each others, these links are invisible, but what if they were visible, what would they look like? My vision is this virtual geometry of potential communications.

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Les attachés est un triptyque graphique mêlant dessin et photographie argentique. À l’origine, ces deux procédés sont composés du suffixe graphía (qui signifie écriture en grec), l’un par le dessin (via un stylo) et l’autre par l’image (via la lumière). Les sujets sont visuellement reliés par des lignes noires, comme s’ils étaient attachés, ces lignes représentent une connection potentielle. Fondamentalement, les êtres humains sont interdépendants, et ces liens sont invisibles, mais s’ils étaient visibles, à quoi ressembleraient-ils ? Ma vision de ces liens prend la forme d’une géométrie virtuelle de communications aléatoires.

 

CARRÉ NOIR

2004

90 x 90 cm. Black Pen on cardboard.

“Untitled” at first, I titled this work “Carré Noir” many years after. This is a performance whose goal was to color a white cardboard sheet entirely with a black ballpoint pen. By moving this gesture from the private space to the public space, where it was reduced to a purely useless activity, it became an event arousing interest and curiosity. Between the Carré d'Art and the Maison Carré, two prestigious monuments located in Nîmes, I settled down on the floor to color my sheet for several hours in an almost religious silence. My position was to use the symbolic space of the square, between two spaces referring to the square, in order to create a link between art and history, gesture, trace and time.

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“Sans titre” au départ, j’ai intitulé ce travail “Carré Noir” après de nombreuses années. Il s’agit d’une performance dont le but était de colorier entièrement une feuille cartonnée blanche avec un stylo bille noir. Par le déplacement de ce geste de l’espace privé vers l’espace public, là où il se réduisait à une activité purement inutile, il est devenu un événement éveillant l’intérêt et la curiosité. Entre le Carré d’Art et la Maison Carré, deux monuments prestigieux situés à Nîmes, je me suis installée à même le sol pour colorer ma feuille pendant plusieurs heures dans un silence presque religieux. Ma position était d’utiliser l’espace symbolique du carré, entre deux espaces faisant référence au carré, pour ainsi créer un lien entre l’art et l’Histoire, le geste, la trace et le temps.

 

The dumb Virgin

2003

Video 2,57minutes, VHS.

The dumb Virgin is a video showing a picture representing the Virgin Mary, whose eyes and mouth are hidden by black stickers, only while we discover it. Through movement, music and rythme, this video is an evocation of the importance of detail, and how it affects the perception of the image. The travelling effect reveals the disruptive element, it enhances it. Symbolically, the Virgin Mary can’t speak and can’t be heard, she represents the impossibility of divine word, and beyond of free speech.

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The dumb virgin est une vidéo filmée en traveling droit montrant une image de la Sainte Vierge, dont nous découvrons que les yeux et la bouche sont masquées par des stickers noirs. À travers le mouvement, la musique et le rythme, cette pièce est une évocation de l’importance du détail et comment il affecte la perception d’une image en mouvement. En révélant l’élément disruptif, l’effet du travelling le renforce. Symboliquement, la Sainte Vierge ne peut pas parler et ne peut pas être entendue, elle représente l’impossibilité de la parole divine, et au-delà, de la liberté d’expression.

 

Scream

2003

Installation, video, screen, headphones, loop sequences.

Scream is a video about the duality between intimate and extimate experience. By separating the image and the sound, the viewer can perceive one of them or both of them, the exhibition device form is here to decide what you want to experiment.

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Scream est une vidéo sur la dualité de l’expérience entre intime et extime. Le dispositif est composé d’un écran montrant seulement l’image et d’un casque d’où provient le son, librement mis à disposition. Il est possible de regarder uniquement la vidéo, ou d’écouter uniquement le son ou de combiner les deux. Le visiteur choisi l’expérience qu’il veut vivre car il décide d’unir ou de séparer les deux dispositifs. Le cri est à la fois quelque chose d’intérieur et d’extérieur, le corps peut crier sans le son, et le son peut être entendu sans la présence du corps. Crier c’est parler de la limite, entre la psyché et le corps, et peut-être une façon de les rejoindre.

 

Gérard Damour

2003

Video 5 minutes, photographic paper, VHS.

Gérard Damour wrote messages in a prayer book found in a church. We don’t know if it’s his real name, but he always signed his messages with this name. Is he real? Is he lying? Is he sick? Is he mentally disturbed? Is he right? We will never know, but what he left was special, sometimes even disturbing. I decided to reveal his words, through chemical revelatory substance, because they were actually a revelation, something we do have to see, even if it’s too real to be true.

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Gérard Damour a écrit des messages mystérieux dans un livre de prières trouvé dans une église. Personne ne sait si c’est son vrai nom, mais il signe toujours ses messages en apposant ces nom et prénom. Est-il réel ? Est-ce qu’il ment ? Est-il malade ? A-t-il un trouble psychiatrique ? As-t-il raison ? Nous ne saurons jamais, mais ce qu’il écrit est spécial, parfois même dérangeant. J’ai décidé d’utiliser ses mots, de les révéler, via le révélateur, celui qu’on utilise dans le procédé de développement photographique. Ces messages avait un caractère révélateur, ils sont apparus comme une révélation, quelque chose qui se destinait à être vu, même si la réalité pourrait apporter sa vérité.

 

Trous

2003

50 x 50cm (in.) Series of 9 prints.

Holes reveal and hide, they often are between brightness and darkness, they are everywhere and nowhere. In conjunction with the idea of intimate experience, Trous represents an analogy with the body and the universe. I consider a hole as a passage, a transition, a secret: we can see around it but not through it, without some any kind of intrusion. I created a formal dialogue by the relationship between architecture and the body region, through the hole as an intimate figure, a symbol of mystery.

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Les trous cachent et révèlent, ils sont la plupart du temps entre l’ombre et la lumière, il sont à la fois partout et nulle part. En lien avec l’idée d’une expérience intime, la série “Trous” représente une analogie au corps et à l’univers. Je considère le trou comme un passage, une transition, un secret : nous pouvons voir autour mais pas au dedans, le lieu de l’intrusion ou de la délivrance. J’ai crée un dialogue formel sur la relation qu’entretient l’architecture et le corps humain, à travers le trou, telle une figure intime, un symbole empli de mystères.

 

Amour

2003

50 x 50cm (in.) Cardboard, paper, glue.

Amour is a cartography of an imaginary territory created by pieces of city maps cut randomly and sticked on a cardboard. I found and collected old Michelin guides from late 70’s that inspired me to create a new map, generated from several maps, as an attempt of a visual and unconscious unity, a place where I could live, a city of love.

A river, made of bits of different rivers, runs in a shape of a heart, centered, showing no beginning nor end. This space represents a map of an impossibility but also a representation of a desire. As a transposition of my own feelings about living and exploring love at a certain stage of my life, this piece talks about the difficulty of finding love at the right place and that reality is not good enough to accept it. By destroying a reference system to create a new cartography, reality is no longer a guide but a support for another reality.

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Amour est une cartographie d’un territoire imaginaire assemblée à partir de morceaux de cartes découpés aléatoirement et collés sur un support cartonné. Au départ, j’ai collecté des guides Michelin datant de la fin des années 70 . Ils m’ont inspiré pour créer une nouvelle carte, à partir de cartes trouvées dans les nombreuses pages des guides, comme une tentative inconsciente d’atteindre un sentiment d’unité, un territoire où je pourrais vivre, la ville de l’amour. On y voit une rivière, faite de morceaux de plusieurs rivières. Elle a la forme d’un cœur, centré dans la composition et ne montrant ni début, ni fin. “Amour” est une carte qui représente l’impossibilité mais aussi le désir. Telle une transposition de mes propres sentiments liés à l’exploration de l’amour, à un certain moment de ma vie. Cette pièce parle de ma difficulté à trouver l’amour au bon endroit et de l’inacceptable réalité. En déconstruisant un système référent pour en créer un nouveau, les cartes ne sont plus un guide mais le support d’une autre réalité.

 

Portraits fictifs

2003

29,70 x 42cm (11,69x16,54in.) Ink on paper.

Portraits fictifs is a series of drawings that simply represent what they suggest: portraits of fictive characters. They appeared to me in their rawness that I magnified through the usage of ink and a wooden stick. My technic is rough because each of my layout is irreversible, and the wooden stick pricks, scratches, slides, slips. I created an aggressive and decisive relationship with the paper, but never at the edge of bullying and damaging it. These portraits are isolated on their own sheet. As an attempt of a possible unification of solitudes and beyond, to an unconscious conflict that might have let them happen.

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Portraits fictifs est une série de dessins qui représentent tout simplement ce qu’ils suggèrent : des portraits de personnes fictives. Ils me sont apparus dans une certaine brutalité que j’ai essayé de magnifier par l’usage de l’encre et d’une tige en bois. Mon procédé est agressif car il a un caractère irreversible lié à l’utilisation de l’encre noire, un ancrage certain, et aussi à cause de la tige qui pique, gratte, glisse et dérape. J’ai créé une relation agressive et décisive avec le papier, mais jamais au point de le malmener ou de le déchirer. Chaque portrait est isolé sur une feuille. Il y a comme une tentative de réunir différentes solitudes, et au-delà, un conflit inconscient qui les a fait surgir.

 

Reclouer le CHRIST

2002

19,50 x 45,50cm (in.) Wood, 102 nails, 102 plastic gold stars. (This piece does not longer exist.)

Reclouer le CHRIST is a sculpture about the crucifixion of a name, a symbol, a story that we associate with the famous religious icon. CHRIST is more like a concept, even if we find pictures of him everywhere, these are only interpretations, it’s impossible to represent him ultimately. Nobody can say how he was, and how he was supposed to look like, in that case, only his name remains what could be represented.

I used wood to represent the cross, nails for the crucifixion, plastic stars for the sacred. By desacralizing its traditional representation, I questioned CHRIST in a minimalistic and symbolic approach.

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Reclouer le CHRIST est une sculpture sur la crucifixion d’un nom, d’un symbole, d’une histoire que nous associons avec la célèbre icône religieuse. Le CHRIST ressemble plutôt à un concept, car même si nous retrouvons des images le représentant un peu partout, ce ne sont finalement que des interpretations. Il est fondamentalement impossible de le représenter. Personne ne peut le décrire ou ni ne peut faire de réelles suppositions sur son apparence, ainsi, seulement son nom peut être vu ou représenté. J’ai utilisé du bois pour représenter la croix, des clous pour la crucifixion et des sequins en forme d’étoiles pour le caractère sacré. En désacralisant sa représentation traditionnelle, j’interroge le CHRIST via une approche minimaliste et symbolique, en reclouant son nom.

 

La vierge déchue

2001

30x40cm ( in.) Stickers, votive candles and 4 prints.

La vierge déchue is one of my first artwork. It’s both a temporary art installation and a group of four photographs. I replaced original votive candles by intrusive ones representing a woman in an erotical outfit. Theses intruders are here to disturb the routine and the reality of a church, where we don’t expect to find them. Perception starts when it’s possible to experience something, but if you stay away, you can’t experience it, it’s only by getting closer that you are able to know what was real, hidden in this place. It’s interesting to see the differences generated by distance, the illusion and the simulacrum that it can creates, at the same time. When these candles were placed in the church, nobody noticed them, in a way they were real and they also were inexistent.

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Je considère La vierge déchue comme l’une de mes premières œuvres. C’est une installation composée de photographies et de bougies votives. Les photographies ont été prises dans une église où j’ai remplacé certaines bougies par d’autres représentant une femme érotisée. Ces bougies intrus et intrusives sont placées ici pour déranger le caractère habituel et routinier d’une église, un lieu où l’on ne pense pas trouver ce genre d’objets ou d’images. Leur perception est possible quand il y a une véritable expérience, dans ce contexte, si vous restez éloigné(e), vous ne pouvez pas voir ou vivre cette expérience, c’est seulement en vous rapprochant que vous pouvez alors voir le simulacre, discrètement dissimulé. Il est intéressant de constater l’effet de la distance, de ce qu’elle peut générer dans l’expérience, car l’illusion et le simulacre se confondent jusqu’à une certaine limite. Quand ces bougies ont été placées dans l’église pour la prise de vue, personne ne les a remarqué, pourtant elles étaient présentes et visibles, à la fois réelles et inexistantes.